Altérité en entreprise : vers une gouvernance partagée. Dans cet article nous explorons le premier principe pour co créer un système organique : l’altérité.
Cette réflexion, s’inspire du livre « Le choix du vivant » de Marie-Hélène Strauss et Eric Julien (LLL, 2018). L’altérité en entreprise permet d’amorcer une transtition vers une gouvernance partagée.
Premier principe : L’altérité
Du latin alterĭtas, l’altérité est la condition d’être un autre. Le terme alter concerne « l’autre » du point de vue du « moi ». Le concept de l’altérité est donc utilisé au sens philosophique pour désigner la découverte de la conception du monde et des intérêts d’un « autre ».
L’altérité est une volonté de compréhension qui encourage le dialogue et favorise les relations pacifiques. L’altérité est aussi la reconnaissance de l’autre dans sa différence.
Le « 2 » est à l’origine du mouvement et de la vie.
Nous allons découvrir au fil du temps différents principes. Pour co créer un système organique nous vous proposons ce mois-ci l’altérité. Ce principe fait partie des « architectures invisibles », ( sis Vincent Houba) mais il est visible dans ses répercussions sur les organisations.
Le « 2 » rythme notre vie. Il est inscrit en nous. Il est créateur de mouvement et de vie. Son absence ouvre la voie à l’immobilisme et à la mort. Les polarités opposées, mais complémentaires, qu’il met en présence sont à l’origine de la tension créatrice nécessaire pour mettre en mouvement les êtres, les choses, les phénomènes. « Les contraires sont complémentaires » (Trinh Xuan Thuan).

Dualité
La biologie, la science du vivant nous parle de la rencontre de deux cellules, comme étant à la source même de la vie alors que la physique quantique parle de « principe de complémentarité », de l’utilité du « 2 » et de l’autre.
Ce principe de dualité créatrice se retrouve dans chaque fonction du corps humain.
Dans notre système respiratoire : l’inspire et l’expire, dans notre système cardiaque : systole et diastole. Jusque dans notre ADN composé d’une double hélice dotée d’une polarité inversée. C’est de cette complémentarité inversée que naît la singularité de la vie.
Dès notre naissance, la vie nous invite à quitter l’état fusionnel avec la mère pour créer ce « 2 », moi et l’autre : base de la relation et de l’ouverture de la conscience.
L’altérité dans les entreprises
Pour le premier lien ou le manager, il est question de reconnaître, accompagner et surtout réguler l’altérité (du latin alter, « autre »). Cette conscience est une condition sine qua non pour mettre en mouvement des collaborateurs.
Il est essentiel de se rappeler qu’il existe des autres différents de moi qui ne représentent pas forcément un danger, une menace, une gêne mais tout au contraire une possibilité pour grandir et évoluer même s’il faut pour cela sortir de nos zones de confort et de maîtrise.
Pour créer la mise en mouvement, (circulation d’énergie, émotions, créativité), il faut deux entités, deux polarités qui se rencontrent. La rencontre peut-être insignifiante ou remarquable, mais elle déclenche toujours une libération d’énergie. C’est la manière de gérer l’énergie déclenchée, et surtout la façon de la canaliser qui va s’avérer créatrice (émergence, innovation) ou destructrice (violence et conflit).
Bien utiliser le principe d’altérité, peut stimuler la créativité, être générateur de d’efficacité et de bien-être pour les participants. C’est le résultat que recherchent les dirigeants du monde entier. Non pris en compte, il donne lieu à des réunions interminables. Peu efficace, la parole circule mal et les participants ressortent le plus souvent mécontents et fatigués.
L’art du dirigeant
C’est tout l’art du dirigeant que de provoquer le mouvement qui va libérer l’énergie de ses collaborateurs, tout en étant en mesure de réguler cette énergie et de lui donner du sens, dans le souci de tenir à distance les conflits.
C’est pour cela qu’il est nécessaire d’accompagner les dirigeants dans cette transition vers un regard adulte. Cette maturité nécessaire, pour qui veut manager requiert un minimum d’humilité et une vraie connaissance de soi, travail indispensable pour prendre conscience de ses limites, savoir reconnaître et dominer son égo, savoir surmonter ses propres émotions et incarner des valeurs fortes.
Un dirigeant limité par ses croyances empêtré dans son « moi », focalisé sur ses besoins de reconnaissance et ses propres peurs, trop tourné vers lui-même, n’aura ni le recul nécessaire, ni le juste regard pour évaluer les situations auxquelles il est confronté.
Conclusion
En entreprise, le rôle du manager est de faciliter si possible joyeusement, la convergence des énergies, des compétences et des intelligences, au service de l’efficacité de l’organisation.
Sa première responsabilité est de savoir créer les espaces de confiance, où les tensions créatrices ou destructrices vont pouvoir être accueillies et intégrées. Il doit avoir le recul nécessaire pour évaluer le contexte dans lequel ces tensions œuvrent et enfin engager sa propre responsabilité dans la façon de gérer ces relations. Le manque de régulation sclérose les énergies et prend le pas sur le mouvement.
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